Appel pour une rencontre sur les luttes contre le capitalisme industriel et le déferlement technoscientiste

Call for a Gathering About Struggles Against Industrial Capitalism and the Techno-Scientific Maelstrom.

Dans le cadre de la conférence de l'Action Mondiale Peuples - europe, à Frayssinous - Aveyron, 19 - 27 Août 2006

During the People's Global Action - Europe conference , Frayssinous - Aveyron, 19 - 27 August 2006

voir aussi / see also Lieux/Aveyron

French Version/ Version française

Une partie des rencontres décentralisées de l'AMP-europe se déroulera cet été dans le hameau de Frayssinous-Aveyron. Elle sera principalement tournée vers les luttes liées à l'enfance d'une part et au capitalisme industriel d'autre part. Pendant plus de dix jours, nous croiserons ces deux thématiques, ces deux luttes, dans le cadre d'un campement que nous tâcherons d'organiser collectivement. Ce sera l'occasion de reprendre un peu de souffle, de s'alimenter mutuellement, de repenser nos horizons communs et les moyens d'y parvenir.

Au fil des luttes contre le nucléaire, les ogm, le puçage des animaux, la biométrie ou les nanotechnologies, se sont transmises et développées, ces dernières décennies, des contestations politiques en rupture avec la simple contre-expertise. Le rejet du capitalisme industriel, du "système technicien", du déferlement néo-technologique, de l'idéologie scientiste, sont aussi celui du monde qui va avec: modes de vie aliénés à la consommation, au travail et à la toutes puissance des experts, pouvoirs ultra-sécuritaires, environnement naturel et social dégradé... Cet univers s'impose à nous par la croyance dans la "neutralité" des outils et des savoirs (ils seraient "neutres", le tout étant d'en faire bon ou mauvais usage) ou encore dans le "progrès", notions que portent ausi (paradoxalement) nombre de pensées révolutionnaires.

Contre-information, actes de sabotage, désertion des activités de recherche, de production et de consommation liées à la techno-industrie... autant de déclinaisons d'une lutte qui, à mesure de la densification du contrôle, de l'artificialisation de la vie et de la dégradation de notre autonomie collective et personnelle, devient plus pressante.

Cependant, nous nous heurtons continuellement aux mêmes limites. Les alertes que nous lançons débouchent sur des mesures auxquelles nous sommes radicalement opposéEs : un encadrement législatif qui accompagne ces transformations plutôt que d'y faire barrage, des constats fatalistes qui poussent au consentement plutôt qu'à la révolte, des appels à la responsabilité et aux initiatives individuelles ainsi qu'à la cogestion de la catastrophe, un "écologisme" complètement dépolitisé, qui sépare les questions environnementales des enjeux politiques et se transforme en argument marketing pour un capitalisme "relifté", un confinement de la critique radicale dans des milieux très restreints...

Faire un bilan / Penser nos stratégies d'action

Nous voudrions repenser ce qui nous fait avancer dans ces luttes, nous voudrions nommer les forces sur lesquelles nous nous appuyons. Nous voudrions parler de nos stratégies de lutte face à la techno-industrie et son monde. Quelles sont nos objectifs, nos modes d'action, nos cibles ? Comment lutter de façon à ne pas laisser de prise aux "mouvements citoyens", à la confusion médiatique et sans pour autant tomber dans une culture de ghetto, dans une critique élitiste?

Nous proposons que ces rencontres soient d'abord l'occasion de raconter nos expériences respectives, les mouvements, initiatives et périodes de lutte auxquelles nous avons pris part et de soulever les questions suivantes : "que voulons nous?", "de quels moyens nous dotons-nous?", "quelles rencontres cela a-t-il pu occasionner?", "dans quelle histoire s'inscrivent nos luttes ?" "comment ont été pensé les liens avec les gens autour ?", "comment cela a-t-il transformé les rapports entre les gens qui se connaissaient auparavant ?", "sur quelles lignes de force pouvons-nous nous appuyer pour une extension de ces luttes (lutte des classes, communautés locales, décloisonnement des luttes...) ?".

Nous attendons vos contributions écrites, orales ou sous toute autre forme!

Agriculture industrielle / Luttes paysannes / Luttes de subsistance

À l'échelle du globe, la paysannerie - qui constitue la majorité de la population - est mise en péril par une agro-industrie transnationnale et guerrière, détruisant les économies locales et vivrières de millions de personnes. Sous la pression du contrôle, de la technification et du productivisme acharné, l'agriculture paysanne a presque disparu Occident.

C'est ainsi tout le sens de ces activités qui disparaît, en même temps que s'impose un mode de vie hors-sol, dans lequel tant le temps que l'espace n'existent plus, dans lequel la campagne n'est plus que parc paysagé ou désert pesticidé, dans lequel les animaux ne sont plus que des marchandises. Les luttes contre les OGM, le puçage ou l'informatisation prennent dès lors un sens qui va largement au-delà du corporatisme: elles incarnent le refus d'un monde nous menaçant toutes et tous. Comment maintenir et inventer des pratiques paysannes anti-industrielles/anti-capitalistes? Quelles sont les difficultés liées à la clandestinité qui en découlent?

Ouverture de nos réflexions et de nos contestations / Pratiques concrètes

Dans "Action Mondial des Peuple", il y a "peuple". Ce terme fait échos à toutes les luttes populaires, depuis celles des ouvrierEs luddites du XIXème siècle, jusqu'aux manifestations anti-nucléaires à malville en 1977, en passant par le fauchage de OGM ces dernières années ou le rassemblement contre Minatec à Grenoble tout récemment. Mais comment penser aujourd'hui une "résistance populaire" au monde industrialisé? Comment la mettre en place ? Qu'est-ce que cela signifierait en terme de modification de nos pratiques? Avec qui luttons-nous ? Un mouvement sans les femmes, les enfants, les prolos, les immigrés est-il un mouvement populaire ?

En croisant sur un même lieu les problématiques liées à l'enfance et au capitalisme industriel, nous voudrions questionner l'idée de "lutte prioritaire", la tendance au cloisonnement de nos luttes, à l'hermétisme et à l'élitisme. Nous voudrions surtout explorer "en pratique" comment il est possible de prendre en compte d'autres personnes et d'autres questionnement que ceux auxquels nous sommes habituéEs. Voir aussi comment de nombreuses pratiques liées à la culture autonome/"Do It Yourself" sont en lien concret avec les critiques anti-indutrielles, alors même que les milieux qui les portent respectivement ne se rencontrent pas. Quelle place donne-t-on à la réappropriation de pratiques ou au refus de certaines technologies à l'intérieur de nos luttes? Dans quelle mesure ces recherches peuvent-elles nous égarer ou bien nous renforcer?

A Frayssinous, nous voulons explorer ces questionnements, non seulement par la discussion mais aussi par ce que nous mettrons en place dans notre vie quotidienne commune et les nombreuses activités qui se dérouleront (atelier pour se "libérer des machines", atelier de menuiserie, chantiers de construction...).

Vos propositions sont bienvenues!

Liens vers de la documentation sur le site web

http://pgaconference.org/fr/2006/anti-industrial_struggles

Comptes-rendus des discussions à Frayss pendant la conférence, sur cette thématique

* Comptes-rendus de Frayss en général: Lieux/Aveyron/CrReus

English Version/Version anglaise

One part of the decentralised gatherings of PGA-Europe will take place this summer in the hamlet of Frayssinous-Aveyron. It will principally deal with struggles linked to childhood and also around industrial capitalism. During more than ten days, we will combine these two themes, these two struggles, within the setting of a camp which we will endeavour to organise collectively. It will be an occasion to catch our breath, to mutually inspire ourselves, to rethink our common horizons and the ways to reach them.

Over the last decades, the struggles against nuclear industry, GMOs, chips in animals, biometry or nanotechnology have spread and political responses have been developed that break with simple counter-expertise. The rejection of industrial capitalism, of technocracy, of the rapid growth of new technologies, of the scientific ideology, is also the rejection of the world that goes with it: modes of living alienated from consumption and work, the omnipotence of experts, ultra-security, destruction of the social and natural environment... This universe is founded on a belief in the neutrality of techologies and knowledge (they are "neutral" because they can be used for good or evil), and also a belief in progress, notions which are also taken on (paradoxically) by many revolutionary thinkers.

Counter-information, acts of sabotage, the refusal to participate in activities of research, production and consumption linked to techno-industry... all aspects of a struggle which, due to the intensification of control, the artificialisation of life and the degradation of our collective and personnal autonomy, becomes ever more urgent.

Nevertheless, we are continually coming up against the same limits. The alarms we raise just end up with results to which we are radically opposed: a legislative framework which establish the transformations which are occuring rather than blocking them, fatalistic conclusions which push us towards complicity rather than revolt, calls for individual responsibility and initiatives so we can "manage" the catastrophe together, an ecology that is completely depoliticised, that removes environmental questions from the political stakes and transforms them into a marketing opportunity for a "made-over" capitalism, a confinement of the radical critique to very restricted scenes.

Evaluate / Consider our strategies of action

We wish to reconsider that which helps us go further in our struggles, we wish to give names to the energies from which we draw our support. We wish to speak about our strategies against the techno-industrial world. What are our aims, our action forms, our targets? Which forms of struggle to use to neither let the scene be defined by the "citizens' movement" and the media confusion nor to fall into a ghetto culture, with an elitist critque creating an activist and elitist ghetto.

We propose that this gathering should be, first of all, an opportunity to recount our respective experiences, the movements, initiatives and moments of struggle in which we have taken part and to highlight the following questions: "what do we want?", "what means do we make use of?", "what exchanges or discoveries have we made happen", "in which history are our struggles recorded", "how have the connections with other people been thought about?", "how have relations between people who knew each other before been transformed?" "where do we look for support when we start looking to extend our struggles (class struggles, local communities, broadening of the struggle...)?".

We wait for your contributions, be they written, oral, or in any other form!

Industrial agriculture / farmers' struggles / struggles for subsistance

At a global scale, the peasantry- which constitutes the majority of the population - is jeopardised by the aggressive transnational agronomic industry, destroying the local vital economies for millions of people. Under the pressure of control, of technologisation and of persistent productivism, peasant agriculture has nearly disappeared in the West.

In this way all the meaning of such activity is lost, and simulaneously a way of life is imposed that is removed from the soil, in which time as well as space ceases to exist, in which the countryside becomes nothing more than a landscape park or a desert poisoned by pesticides, in which animals are nothing other than merchandise. This gives the struggles against GMOs, RFID chips or informatisation a character that to a large extent goes beyond that of corporatism: they stand for the refusal to accept this world that threatens each one of us. How should we maintain and invent anti-industrial or anti-capitalist rural practices? How do we deal with the difficulties caused when these practices fall outside what is legal?

Open-mindedness in our reflections and in our actions / Concrete practices.

Within the name "People's Global Action" there are people. This word resounds with echos of popular struggles: from the Luddite workers of the 19th century, to the anti-nuclear demonstrations in Malville in 1977, moving onwards to the harvesting of GM crops in the last few years or the recent mobilisation against Minatec in Grenoble. But how could a "popular resistance" to today's industrialised world be thought about? How could it be put in place? What would it mean in terms of changes to our current practices? Who are we struggling with? Is a movement without women, children, proletarians or immigrants a popular movement?

By discussing together in the same place the problems linked to childhood and industrial capitalism, we would like to question the idea of "hierarchy of struggles", the tendency to compartmentalise our struggles or make them impenetrable, and elitism. Above all we would like to explore "practically" how it is possible to take into account other people and ways of questionning than those to which we are accustomed. To note also that many of the practices of autonomous /DIY culture have a definate connection with anti-industrial critiques, although the two respective milieux do not meet. What space do we give to the reappropriation of certain practices or the rejection of certain technologies within our struggles? Are these just diversions or could they even strengthen us?

In Frayssinous, we want to explore these questions, not only through discussion, but also by what we put into practice during our daily life together and the many activities which take place (workshop to "free yourself from machinery", carpentry workshop, construction projects.

Your suggestions are welcome!

http://pgaconference.org/en/2006/anti-industrial_struggles

Reports from Frayssinous while the conference, about this topic

* All the reports from Frayssinouss: Lieux/Aveyron/CrReus

STAMP: IndustrialCapitalism (dernière édition le 2008-12-19 19:00:04 par anonyme)