Vendredi 25 Août 2006, Frayssinous.
luttes prioritaires, cloisonnement des luttes...
Un constat apparaît assez rapidement : séparations et « guerres de chapelle » entre groupes intervenant sur différents champs d’action sont fréquentes (par exemple : anti-indus vs anticarcéral), alors que des points de convergence sont souvent assez immédiat (pour l’exemple précédent, tout ce qui a trait au contrôle, technologies de contrôle, etc…).
Critiques anti-industrielles et autres…
Pour certains, la critique anti-industrielle est une explication du monde, elle favorise une critique globale, permet un point de rupture, une ligne de fracture forte avec la gauche/l’extrême-gauche friande de l’idéologie du Progrès.
D’autres ont exprimé la gêne ou le désaccord de voir, en la critique anti-indus, LA véritable critique et la seule sensée (critique notamment de la fable de Kascinsky La nef des fous), et soulevé la problématique de l’enfermement dans une lutte.
L’un d’entre nous a expliqué qu’il attachait autant d’importance aux grilles de lectures suivantes : critique anti-industrielle, lutte des classes/exploitation, et « formes de vie »/aliénation. Que ces explications du monde lui semblaient plus complémentaires qu’antinomiques…
A également été exprimé le fait que c’était plus un contexte local qu’un préconçu théorique qui avait rapproché certaines personnes de la critique anti-industrielle. Avec l’exemple de Grenoble, où se sont activer certainEs, d’abord et en premier lieu, pour des raisons de contexte local, de transformation social de la ville et de la région, etc… (par exemple, les occupants des arbres du Parc Mistral se sont retrouvés solliciter pour aller occuper des arbres à Genève, comme si c’étaient des spécialistes, alors qu’ils le faisaient juste parce qu’ils se sentaient attaqués localement).
Catastrophe
L’un d’entre nous exposait sa difficulté à se détacher de l’aspect « apocalyptique » assez présent dans la critique anti-industrielle (probabilité forte d’un nouveau Tchernobyl,…) , à ne pas considérer que c’est déjà trop tard.
L’aspect d’attendre la « catastrophe » ou le dysfonctionnement qui pourrait faire changer les choses n’est pas partagé par tous. Exemple des accidents (Tchernobyl, AZF, Katrina, récents black-outs électriques en Italie ou à New-York…) qui ne sont pas générateur de « potentiel révolutionnaire », même s’il s’y passe des trucs intéressants. Le problème c’est que la réponse de l’Etat est très forte – d’autant plus qu’elle est réclamée par beaucoup.
La question économique individuelle…
« Le jour où je vais me faire sucrer mon RMI, je serais grave dans la merde » Problème de la fin du RMI. Volonté de l’anticiper et de s’organiser avant qu’elle soit effective. En Espagne, le fait qu’il n’y a pas de rmi entraîne le fait qu’il y a peut-être moins d’ « activisme », mais il y a d’autres pratiques radicales (vol,… ). En France, peu d’espaces collectifs permettent de se passer d’un rmi.
Quelles alliances, quelles ruptures ?
Le clash classique « l’union fait la force »/« la scission fait la force » a soulevé une série de questionnements :
_ question de la « convergence des luttes » vite éludée avec le problème de la recherche d’un consensus mou au nom de une unité molle… Mais, pour autant, quelles alliances possibles ?
_ affirmer qu’une lutte est « prioritaire » sur d’autres conduit souvent la discussion sur des questions de « vérité » et même de « pureté ». Poser la question de la lutte en ces termes peut participer à la logique de division, à la logique du radicalisme, et à la logique identitaire – désignation d’ « ennemi », esthétique de la radicalité, parler d’émancipation à la place des premiers concernés,… etc… (Exemple de feu le squat de Couronnes à Paris où se côtoyaient un tas de gens – totos, rastas, sans-paps, artistes, boîte de nuit alternative, le syndicat Sud, infokiosk… – qui ont sentis qu’il était peut-être possible de faire un truc ensemble, mais qui se sont repliés sur leurs « identités » pour finir par se taper sur la gueule !) _ préférence pour l’une d’entre-nous à parler de « luttes fondamentales » (différent de « luttes prioritaires »), c’est à dire sur ce qui touche très directement (terre, eau, alimentation) et volonté de contrer la dépossession et la perte d’autonomie dont ce délecte le système…
Alternative vs Révolution
Construire un quotidien agréable et stimulant semble important, mais pose le problème de l’ « alternative » - et son confort – que certains peuvent voir comme « contre-révolutionnaire » => on retombe sur les « luttes prioritaires » et la question identitaire. Très présent dans le milieu radical de Paris, mais se retrouve partout…
L’un d’entre nous n’a « pas envie de choisir entre l’alternative et la révolution ».
L’ « alternative » peut, parfois, être considérer comme une réponse stratégique collective et temporaire à la question économique individuelle. Tout en sachant qu’elle est limitée politiquement, et qu’il est important de ne pas oublier la position confrontationnelle (dialectique de la tension vie collective agréable /confrontation).
Où se situe le point de rupture?
Faut-il, pour élaborer alliances et ruptures et pour agir, partir de positions préconçues, de principes ou bien partir de la situation ? Plusieurs questionnements ou positions apparaissent :
_ problème des fins et des moyens. Peut-on séparer fins et moyens ? « On justifie souvent a posteriori ce qu’on a fait, alors qu’on ne comprend souvent pas dans leur totalité les tenants et les aboutissants. On ne connaît souvent pas les conséquences de nos actions ».
L’un d’entre nous préfère alors parler de « processus » et d’ « expérimentation »…
_ question de la stratégie, qui semble plus importante que celle du pur principe
_ principe /positionnement moral/positionnement éthique
_ certains ont la volonté de discerner et rendre visible les points de rupture, mais pas d’y mettre d’énergie
_ « Dans un certain contexte, les points de rupture doivent être approfondis ». L’importance de la situation, du contexte, de la stratégie, et des objectifs est sous-entendue.