STAMP, TEXTE-OUTIL, JUILLET 2006, version0.2
Sommaire
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STAMP, TEXTE-OUTIL, JUILLET 2006, version0.2
- INTRODUCTION
- DES RÂLEUREUSES SPÉCIALISÉES EN CHIOTTES SÈCHES, 99-2004, Sans-Titre et ses liens avec l'AMP
- PROPOSITION DE CONVENORSHIP ou comment on finit pas se décider, février 2005
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CRÉATION/STRUCTURATION DU COLLECTIF STAMP
- Constitution du collectif, réu sans-titre de lyon, juin 2005
- Quelle place donne-t-on au sein de stamp aux questions plus théoriques ? ''réu stamp de synthé, aout 2005''
- réu des stamp de boult en octobre 2005: choix stratégiques d'organisation
- réu internationale en novembre 2005 aux magnans
- AUTRES PREOCCUPATIONS PLUS THEMATIQUES
- FICHES PRATIQUES
- ANNEXES
INTRODUCTION
QU'EST-CE C'EST?
Le « Texte-Outil » est une sorte de récit des folles aventures des Timbrées/Stamp, lancéEs dans l'organisation de la conférence européenne de l'AMP/PGA, pour l'été 2006.
Il est composé des synthèses successives des réflexions et décisions élaborées dans les Timbrées, mais aussi de fiches techniques concernant les moyens d'organiser une telle conférence, de rappels historiques, de réflexions annexes au processus d'organisation, sur certains sujets de fond ou sur le processus d'organisation en lui-même, de blagues, de dessins, de textes/extraits, etc.
Il est surtout « évolutif », c'est-à-dire modifiable et augmentable par chacunE, au fur et à mesure que le processus avance.
POUR QUOI FAIRE?
Pouvoir suivre l'organisation de la conférence et ses mille péripéties.
Pouvoir s'y impliquer en court de route.
Alimenter nos réflexions tout au long des mois et nous donner des occasions de prendre du recul dans notre travail.
Apprendre à écrire, seulEs et à plusieurs.
Transmettre des éléments de cette expérience pour d'autres projets d'organisation de manifestation.
CE QUI RESTE À FAIRE
On a dit que ce texte était évolutif, et le voilà qui arrive sur le site internet et le wiki seulement huit mois après avoir été entamé, pour que d'autres le poursuivent. L'idée était en effet que nous nous en emparions par équipe successives, mais au final, il n'y a eu qu'un premier binome, jamais relayé... par suractivisme évident.
En en reparlant récemment, on s'est dit que ça valait le coup de le diffuser tel quel, en encourageant toute initiative pour en faire quelque chose de plus mieux chouette. CertainEs se sont même dit que ça finirait peut-être par faire un livre, ou en tout cas un recueil un peu fourni de cette aventure, et qu'il pourrait être augmenté après la conférence.
A la fin du document, il y a toute une liste de fiches techniques, de questionnements de fonds et autres, qui n'ont pas été traitées mais qui sont autant de dimensions auxquelles on a pensé -et puis après, on a eu la flemme. Vous pouvez vous en emparer si vous en avez envie... Oh, et puis vous pouvez bien poursuivre l'élaboration de ce truc comme ça vous chante, d'abord.
AVERTISSEMENTS SUPPLEMENTAIRES
1. On aimerait rendre le Texte-outil le plus abordable possible, notamment par le moyen d'un sommaire le plus détaillé possible, qui permette d'accéder aux informations d'une façon thématique ou chronologique, et d'avoir une vision globale de ce que représente tout ce shmilblick.
2. Des fois on raconte des trucs dont on a seulement entendu parlé mais qu’on n’a pas vécu. Ou des trucs qu'on a vécu, mais qu'on a oublié. Ou encore des trucs dont on a tellement parlé qu'on en a modifié le souvenir. Ce qu'on dit, c'est peut-être un peu « faux ». Ou on en oublie des grands bouts. Bref, non seulement quand on écrit, c'est forcément subjectif et tout et tout, mais en plus, entassez des subjectivités les une sur les autres et arrêtez de nous parler de « vérité historique », sinon, on ne va plus oser raconter.
DES RÂLEUREUSES SPÉCIALISÉES EN CHIOTTES SÈCHES, 99-2004, Sans-Titre et ses liens avec l'AMP
Frise chronologique; j'avais envie d'en faire une, mais j'ai pas eu le temps
SANS-TITRE ET L'AMP, A LONG LONG STORY
Participations sans-titriennes à l'AMP
La dynamique Sans-Titre est liée, dès ses débuts, à l'expérience de certainEs de ses participantEs au sein de l'AMP: une bande d'amies et activistes, sortant tout juste de l'aventure de la caravane intercontinentale (1999), s'étaient inspiréEs des formes d'organisation et des principes idéologiques promus par l'AMP pour monter un réseau similaire dans la zone francophone européenne. Ce qui avait surtout été retenu, c'était l'idée de « réseau », par opposition à celle « d'organisation », rejetant les idées de « ligne politique unitaire », le fait d'être « membres » et d'avoir des « représentants », etc. Et tout ça sur des bases anti-capitalistes et anti-autoritaires, promouvant des pratiques d'action directe, privilégiant les dynamiques locales et quotidiennes et rejetant lobbying et co-gestion.
Au fil des années, l'intérêt pour l'AMP au sein de Sans-Titre se traduit par la participation de certainEs d'entre nous aux conférences européennes, ainsi qu'à des projets lancés par le réseau comme des journées mondiales d'action (par exemple contre le « plan Colombie » ou L'OMC à Dijon), la mobilisation pour le contre-sommet de Prague en 2000 ou encore la tournée des colombiens du PCN en 2001.
ANNEXE1: hallmarks de l'AMP et charte Sans-Titre
ENCART I-5-c : présentation de Sans-Titre extraite de la proposition de convenorship proposée à Linz, fevrier 2005
A Sans-Titre, où on fait rien qu'à critiquer
Les réunions Sans-Titre sont également l'occasion de formuler des critiques à l'adresse de l'AMP. De marquer des différences, des doutes, et même le désintérêt de beaucoup d'entre nous pour ces initiatives.
Des critiques assez tranchées mettent en cause le fonctionnement interne ainsi que les visées stratégiques du réseau. Non pour s'en désolidariser, mais parce que les malaises sont nombreux et le sentiment de n'être pas entendu persistant. Nos râleries ont pour corollaire la crainte d'être perçuEs comme l'éternelle « bande à Sans-Titre critiquant sans rien proposer » (sauf à constituer le lobby mondial pour la construction des chiottes sèches et la gestion crispée des tâches ménagères).
Fantasme ou réalité, ce sentiment renforce l'envie de quelques groupiduEs liées à Sans-Titre de rappeler leur attachement à l'AMP et de sortir de la critique « négative » en s'impliquant plus activement dans l'organisation des conférences: accueil de la réunion d'hiver en mars 2003 à Dijon, puis co-organisation de la conférence de Belgrade en juillet 2004, jusqu'à constituer le groupe des Timbrées (printemps 2005) pour le convenorship de l'été 2006.
LES STRATÉGIES D'ACTION EN QUESTIONS
Confrontées aux réflexions sans-titriennes, les orientations stratégiques de l'AMP sont mises en questions à plusieurs reprises.
Contre-sommets et Journées Mondiales d'Action
La sur-enchère répressive au fil des mobilisations anti-mondialisation (avec en Europe, entre 2000 et 2001, les contre-sommets de Genève, Prague, Nice, Davos, Göteborg, Barcelone, Gênes...) ainsi que le durcissement généralisé mis en scène après le 11 septembre, provoquent, au sein de Sans-Titre, la critique des grandes mobilisations des contre-sommets, stratégie qui reste au coeur de la dynamique AMP. Perte de l'effet de surprise et risques de répression accrus, tourisme militant et marasme citoyenniste, absence des préoccupations quotidiennes et locales, soumission à l'agenda effréné des sommets internationaux... Ces préoccupations fondent une remise en cause des visées stratégiques portées dans l'AMP. Laissées sans réponse à la conférence européenne de Milan en mars 2001, elles se traduisent par une « Lettre Ouverte à l'AMP » rédigé par des sans-titriennEs et trouvent un écho à Leiden, en septembre 2002, par la mise en avant des discussions stratégiques.
Les Journées Mondiales d'Actions, pourtant conçues comme alternatives aux contre-sommets, n'échappent pas à la critique, même s'il nous arrive d'y participer, ou d'en lancer nous-mêmes dans le réseau francophone. Certes, ces journées visent bien à agir hors de l'agenda des puissants et à mieux choisir nos thématiques de lutte. Mais l'aspiration, au sein de Sans-Titre, à inscrire nos luttes dans le quotidien, dans une continuité locale, se trouve renforcée par la critique de certains mouvements paysans « du sud » que nous découvrons à Prague en 2000 : « vous êtes bien gentils, en Europe, avec vos journées d'actions, mais chez nous, si nous cessons la lutte un seul jour, nous sommes morts. Ce mode d'action n'a simplement aucun sens dans un tel contexte ». Ce point-de-vue relativiste nous confirme dans l'idée de privilégier le renforcement des luttes locales dans leurs singularités et la qualité des rencontres et collaboration, plutôt que leur quantité et leur étendue. Il trouvera d'ailleurs un écho dans les projets de « campagne soutenue » et de « caravelle » (Belgrade en 2004) et de « visites » (réunion mondiale, automne 2005).
Tendances ONGistes, flirt avec les Forums Sociaux et autres compromis
La mobilisation de Seattle marque le ralliement au mouvement antiglobalisation des citoyennistes, ONGistes, organisations politiques marxisantes de tout poils, et autres politiciens et rameuteureuses de foules. Cet essor de « l'altermondialisme » contribue encore à nous détourner des contre-sommets et autres forums sociaux (le 1er, à Porto Allegre se tient en janvier 2001).
Une partie des mouvements et individuEs liéEs à l'AMP continuent cependant à se focaliser sur ces grandes mobilisations. IllEs y cherchent sans doute l'occasion supplémentaire de renforcer le réseau AMP et de travailler à la constitution d'une force propositionnelle. Nous y voyons pour notre part le théâtre de la récupération des contestations par les organisations politiques et institutionnelles, de leur canalisation dans le giron citoyenniste, aux dépends des mouvements autonomes et anti-autoritaires.
Il nous arrive, à diverses reprises, de chercher nous-mêmes à exercer des pressions sur des institutions politiques (comme l'Union Européenne au sujet du Plan Colombie, ou l'État suisse au sujet de la répression de Davos), notamment par des occupations. Néanmoins, nous ne pouvons nous empêcher de pointer la contradiction forte avec les hallmarks, que constituent les actions de type lobbyiste menées au nom de l'AMP à Genève ou Bruxelles (comme avec les indiens de la caravane intercontinentale ou lors de la tournée des PCN).
A l'échelle mondiale du réseau, nous « découvrons » à plusieurs reprises le caractère fortement hiérarchisé, sexiste ou co-gestionnaire, voire ouvertement politicien, d'organisations liées à l'AMP ou prétendant l'être. Il paraît souvent peu probable que ces éléments soient ignorés de toutEs. Nous interprétons plutôt ces silences comme la tentative de rassembler le plus de monde possible, de construire un mythe d'unité et de force autour de mouvements disparates, voire antagonistes. L'argument du « relativisme culturel » permet trop souvent, à nos yeux, d'écarter des critiques – certes complexes à formuler dans le contexte colonial – mais qui pourraient surtout diminuer le réseau.
Copinage avec des organisations co-gestionnaires? Volonté de se montrer dans les lieux de la contestation « légitime »? Stratégies de mouvement de masse?... En restant attachéEs au ralliement le plus large, au prix de flous importants en matière de radicalité et d'autonomie, ces choix renforcent à nos yeux des tendances pour le moins politiciennes au sein de l'AMP.
ENCART sur le citoyennisme / extraits de philiponoeau et autres textes
Dimensions du réseau, activisme et mondanités
Les modes d'action ne sont pas seuls en question, mais aussi les dimensions du réseau en tant que telles. Est-il judicieux de dépenser tant d'énergie pour s'organiser à une si grande échelle? Est-il possible d'établir des rapports et des réflexions satisfaisantes se voyant une fois tous les deux ans? Comment dépasser les barrières culturelles, linguistiques, financières, etc.?
Pour organiser des actions et des rencontres au niveau mondial, ou ne serait-ce qu'européen, impossible de s'impliquer dans l'AMP sans se plonger dans l'activisme. Ce constat est sujet à tensions, au moment où « l'activisme » est justement mis en question dans Sans-Titre. Les débats confrontent nos pratiques militantes: d’un côté les luttes « offensives » (confrontationnelles), de l’autres la construction de lieux d'autonomie, au travail sur nos comportements quotidiens, bref, aux « alternatives » (propositionnelles). L'organisation de l'AMP semble déconnectée de nos vies et de nos luttes quotidiennes, voire en contradiction avec elles. N'y retrouverait-on pas, parfois même avec plaisir, l'élitisme et la spécialisation que nous réprouvons au quotidien?
Pour certain d'entre nous, l'implication dans l'AMP fini par n'avoir d'autre intérêt que mondain : il peut paraître flatteur d'être sur les hauts lieux de l'activisme international, de croiser des gens de tous les coins de monde, d'être amiEs avec la « jet set de l'anticapitalisme »...
Un manque de réflexion de fond
Une critique récurrente (et que nous portons aussi sein de Sans-Titre), porte sur l'incapacité à pousser des réflexions de fond. Les rencontres sont toujours brèves et les discussions superficielles. L'outil Internet, en plus de ne pas être accessible à toutEs ne nous semble absolument pas approprié à un débat de qualité. Lorsque des actions communes sont menées, il est excessivement rare que nous nous donnions les moyens de réaliser un bilan collectif. La définition de nos perspectives stratégiques nous semble essentielle et pourtant inexistante.
Le programme de la conférence de Leiden, en septembre 2002, sera une première réponse à cette critique. La faiblesse de nos point-de-vue au sein de l'AMP persiste néanmoins et tout ou presque reste à faire en la matière...
FONCTIONNEMENTS ET DYSFONCTIONNEMENTS INTERNES À L'AMP
Le réseau Sans-Titre connaît, depuis sa formation, des questionnements sur les rapports d'autorité qui le structurent : chefferies, hiérarchisation et séparation des spécialisations, rapports genrés, racisme, âgisme, etc. La difficulté d’avancer sur ces sujets au sein de l'AMP est elle aussi évoquée dans la « Lettre Ouverte à l'AMP » de 2001 par des sans-titrienNes une fois de plus énervéEs. Les rapports d'autorité y sont décrit, moins comme des dysfonctionnements accidentels, que comme des défauts structurels. En d'autres termes, comme des habitudes et des lacunes constantes dans nos modes d'organisations.
Rapports d'autorité au sein de l'AMP
La difficulté principale est l'opacité des modes de fonctionnement : qui décide de quoi ? Où et comment ? Il existe bien des espaces identifiés pour mener les débats et établir des consensus. Mais des décisions se prennent aussi ailleurs. Des personnes très investies dans le réseau en structurent et en maintiennent le dynamisme par leurs voyages et leur travail de contact. De manière informelle, elles apportent un soutien logistique, elles alimentent la mémoire collective par leurs écrits. Mais elles concentrent aussi des informations dont elles font rétention, elles monopolisent certaines tâches pour lesquelles elles sont plus compétentes, plus motivées, plus disponibles, etc.
Ce que nous finissions par nommer la « jet set de l'AMP » est rendue visible par la création du « support group » fin 2001. Cette initiative constitue le premier pas d'un travail de formalisation du fonctionnement de l'AMP. Il permet de visibiliser le travail de cette bande d'européennEs suractivEs afin de le rendre accessible à d'autres. Autrement dit, de rendre explicite les fonctionnements pour réduire les abus de pouvoir, les hiérarchies implicites, et « démocratiser » la prise en charge du réseau. Si cette démarche témoigne de la bonne volonté des « initiateurs du réseau » à travailler sur ces questions, le fait qu'illEs apparaissent aux yeux de toutEs, est cependant l'occasion d'une prise de conscience plus générale de ces dysfonctionnements, qui attise les critiques à leur encontre plutôt que la compréhension. Ceci explique peut-être en partie le désengagement accéléré de certainEs d'elleux les années suivantes.
ENCART : extrait de la lettre ouverte à l'AMP, réunion Sans-Titre à Rennes, avril 2002 (ANNEXE 2) - Le principe n°5 de l'AMP dit: « Une philosophie organisationnelle fondée sur la décentralisation et l'autonomie ». Cependant, en l'absence de structures clairement définies (nous ne parlons pas de bureaucratisation ni d'institutionnalisation), les phénomènes de hiérarchisations reviennent de manière plus perverse car implicite, non exprimée et, donc, plus difficiles à combattre (voir « De la tyrannie de l'absence de structures », de Jo freeman, très bon texte qui nous a nous-même éclairéEs sur les problèmes de nos fonctionnements.) L'exemple le plus frappant de telles dérives est le « support group ». Lors de la réunion des convenorEs et des ex-convenorEs à Barcelone en novembre, le fonctionnement du support group a enfin été clairement explicité, ainsi que les critères pour y rentrer : « adaptabilité culturelle, maîtriser 3 langues, avoir les moyens de se financer. Quand et comment a été défini le support group? Comment ont été décidés les critères pour y participer? Quelle est la validité de ces critères? Qui dirige le bureau d'embauche? De plus, comment expliquer qu'il n'y ai eu que des européEnnes dans un SG qui a une implication mondiale? Même si le support group s'avérait nécessaire, ce qui demande une réelle discussion, le minimum serait d'en connaître la composition exacte (liste des membres, rotation des membres) ainsi que des modalités de cooptation pour y entrer, voire son mandat précis qu'on pourrait même imaginer révocable. A quoi travaille-t-il actuellement? A la consulta? A la prochaine conférence? Au bulletin de l'AMP? Ce n'est pas la première fois que ce genre de critiques sont exprimées, elles n'ont jamais été prises en compte.
"Top down" versus "Grass roots"
Par son travail de prise de contact et de maintien des dynamiques, le support group révèle, à nos yeux d'éternellEs râleureuses, un écueil important de l'AMP, la tendance « Top down », c'est-à-dire à s'organiser en « partant du haut ». Pour le dire autrement, beaucoup d'initiatives sont lancées – ou du moins soutenues – par cette même bande de gens, qui s'emploie par la suite à mobiliser, motiver, mettre en lien les mouvements et activistes qui les font vivre sans en être à l'origine. Un tel système maintien celleux qui ne sont pas de la « bande à super-activistes » dans la passivité. Il empêche aussi que ne s'expriment les enjeux et spécificités locales.
Cette tendance s'oppose à l'approche « grass roots ». Celle-ci privilégie plutôt une organisation partant de « la base », qui privilégie les initiatives locales, visant à consolider le réseau par le renforcement de ses participantEs sur leurs terrains spécifiques, et non par la multiplication des liens internationaux. L'approche « Top down » renforce encore, au sein de l'AMP, les rapports post-coloniaux que nous prétendons combattre. La quasi-intégralité des membres du support group, moteurs du réseau depuis sa constitution étant blanchEs européennEs, il nous paraît évident qu'illEs donnent une emprunte, voire un dirigisme occidentalo-centré, à ce réseau « mondial ».
Manque d'autogestion des tâches quotidiennes
Une critique récurrente émanant de Sans-Titre porte sur la gestion des tâches quotidiennes, notamment lors des conférences. Nous sortons scandaliséEs de la conférence de Milan en mars 2001, où personne ne semble contester que des activistes internationaux se retrouvent pour « parler politique » pendant que d'autres cuisinent et passent la serpillière pour leur confort. Bien que moins caricaturale, cette séparation entre tâches « intéressantes » (de contenu activiste) et « corvées » (de stricte fonctionnement), nous apparaît encore à Leiden (septembre 2002), alors que nous sortons du campement No Border de Strasbourg (juillet 2002), où nous avons justement cherché à décloisonner et politiser ces tâches et à en améliorer l'autogestion. Une bande de sans-titriennes, riches de cette expérience, se lance dans la conférence de Belgrade en juillet 200 4. Mi-ennuyéEs, mi-flattéEs, nous avons l'impression d'être définitivement cataloguées comme spécialistEs des chiottes sèches.
ANNEXE2: lettre ouverte à l'AMP, réunion Sans-Titre à Rennes, avril 2002
ET LES QUESTIONS DE GENRE QU'ON NE VEUT PAS CONTINUER À OUBLIER
euh oui, j’en fait un point à part parce que j’y ai pas pensé avant et que je trouve pas à l’intégrer autrement dans le plan… c’est assez significatif de -hum
Les questions liées à la construction genrée et aux sexualités provoquent des remous réguliers au sein de Sans-Titre, mais aussi la volonté de contribuer à leur valorisation dans le cadre de l’AMP. La proposition de Leiden s’avère insatisfaisante : l’idée est alors d’intégrer systématiquement la question des genres aux autres discussions thématiques, considérant que c’est un « sujet transversal ». Au final, on n’en discute jamais vraiment. FortEs de cette expérience, la conférence de Belgrade est l’occasion d’aborder ce sujet autrement, en réservant une journée entière à ces thématiques.
Mais quelques soit les avancées, ce thème (comme le racisme, l’âgisme et autres rapports de domination sur des groupes sociaux spécifiques) semble le plus souvent mis de côté, ou traité à part une fois de temps en temps, quand on trouve le temps ou que le coup de gueule est assez persuasif ou culpabilisant.
PROPOSITION DE CONVENORSHIP ou comment on finit pas se décider, février 2005
La proposition de convenorship a été arrêtée dans des conditions assez particulières, lors de la réunion Sans-Titre « à la mer », en février 2005. Cette idée planait dans l’air depuis la conférence de Belgrade en juillet 2004, mais la décision avait été reportée deux fois de suite (réunions Sans-Titre à la ferme du Hayon en Belgique au mois de septembre 2004, puis à Frayssinous dans l’Aveyron en novembre2004).
Problèmes d'identité au sein des "non-réseaus"
Les doutes relatifs à l’AMP sont trop importants pour qu’il soit facile de se lancer.
Et puis, surtout, des craintes émergent de voir dépérir les autres préoccupations du réseau francophone : nous nous rappelons comment l’investissement dans le No Border avait drainé l’essentiel de nos forces pendant plusieurs mois. Jusqu’à présent, l’AMP n'a jamais captivé que certainEs groupiduEs, sans que l’ensemble des Sans-titriennEs ne s’y sentent embarquéEs. Mais l’organisation d’une conférence semble suffisamment lourde pour peser sur la dynamique Sans-Titre dans son ensemble.
Entre motivation, indifférence et rejet, il nous semble pour finir impossible de trancher, au sein de Sans-Titre, sur notre implication – ou non – au processus AMP en tant que convenors. A quel titre pourrait-on faire une proposition de convenorship? Et qui cela engage-t-il ?
Ce blocage cache à nos yeux le flou constant des structures de Sans-Titre, les moyens d’y entrer et d’y participer. C’est plus largement les questions de statut et d’identité qui émergent alors, et toute les questions d’intégration et d’exclusion, d’affinité ou d’amitié politique, de culture communautaire, de chefferies et de légitimité par l’ancienneté, de tyrannie de l’absence de structures et d’ouverture que permet l’imprécision des cadres. Préoccupations finalement calquables sur le « non-réseau » AMP.
Ayant buté à plusieurs reprises sur ces difficultés, nous décidons que ces débats doivent être le préalable à toute prise de décision concernant l’AMP. Sans, bien sûr, épuiser le sujet des avantages et vicissitudes de nos fonctionnements identitaires, nous finissons par établir avec évidence que « personne n'étant membre de sans-titre, ni ne pouvant le représenter », il n’y a rien à décider au nom de Sans-Titre. Il s’agit plutôt de mesurer si des personnes sont suffisamment nombreuses et confiantes les unEs envers les autrEs pour porter un tel projet, elleux, et au nom d'elleux.
Et hop, on y va
Alors, au bord de la mer, on était neuf autour d’une table. On n’aurait pu se dire que ce n’était pas assez pour se lancer dans le convenorship, et en rester là. Mais en nous sondant les unEs les autres, nous avons fini par conclure que nous nous sentions capables, en termes matériels, d’accueillir une conférence européenne de l’AMP : nous disposions de lieux, de l’infrastructure d’accueil et des expériences. La question fut donc plutôt de savoir si nous avions envie de le faire. En nous comptant, et en confrontant nos exigences et imaginations, est monté un enthousiasme fébrile, voire carrément fou. Hop, c’était parti.
A Linz dix jours plus tard, aucune autre proposition de convenorship que la notre. Elle fut accueillie avec enthousiasme dans une réunion d’hiver pourtant passablement désertée (certainEs avaient préféré se retrouver quelques jours plus tard à Thubingen en Allemagne lors de la préparation du G8 écossais).
Quelques conditions préalables
La lettre de « candidature » portée en Autriche indique cependant les conditions de notre implication, les axes que nous voulons privilégier, les choix organisationnels auxquels nous sommes attachéEs. Ces directions de travail constituent finalement des ébauches de réponses à nombre des questions que l’AMP soulève au sein de Sans-Titre les années précédentes.
(Lettre emmenée par des membres du groupe Stamp lors de la réunion d'hiver de l'AMP europe à Linz, Autriche, février 2004)
CRÉATION/STRUCTURATION DU COLLECTIF STAMP
Constitution du collectif, réu sans-titre de lyon, juin 2005
Sous une canicule assommante et des vapeurs de plombs suffocantes, la réunion ST (Sona-Tropics) se déroulait à la Friche, squat d’activités politiques et artistiques situé dans des anciennes usines Renault. Les discutions s’annonçaient dures dans la lourdeur de l’air…
Distinction Sans-titre/stamp
Le collectif STAMP, s’est créé pour marquer une distinction entre le réseau Sans-Titre et les personnes impliquées dans le processus d’organisation de la prochaine conférence de l’AMPe. "Stamp", contraction de Sans-titre et amp, ou les stamp, est un groupe qui émerge du processus du réseau ST et garde les mêmes bases politiques (cf. CHARTRE). Il se constitue cependant en groupe autonome, devenant ainsi un projet électron libre autour de ST. Ce choix a été fait dans le but d'éviter l’amalgame ST/stamp, car des personnes du réseau ST ne voulaient pas faire partie du projet. L’idée est de ne pas parasiter les réunions ST avec de plus en plus de moments consacrés à l’organisation de la conférence.
D’ailleurs, d’autres projets fonctionnent de la même façon telle que la Caravane permanente. Évidemment, on ne peut pas dire que ces solutions formelles suffisent à "cloisonner" de façon satisfaisante ces différentes dynamique, ne serait-ce qu'en raison du vide entraîné par la désertion des réunions et activité liées de Sans-Titre, au profit de l'organisation de la conférence, pour toutEs les stampienNe - nous l'espérons pour quelque mois seulement...
Arrivée de nouvelles personnes
Le petit groupe qui s'est lancé dans cette idée de convenorship en février 2005 était motivé mais peu important en nombre : à neuf, il n’est pas complètement évident d’accueillir 700 personnes !
C'est à Lyon en juin 2005, le groupe s'élargit, ce qui permet de donner un nouveau souffle au projet. D’une part, la réunion Sans-Titre rassemble beaucoup plus de gens que les fois précédentes, dont un certain nombre décident de rejoindre les discussions sur l'AMP. D’autre part, cette rencontre voit l’arrivée de nouvelles personnes qui s’engouffrent en même temps dans la dynamique Sans-Titre et dans le projet stamp. Leur présence encourage à tout réexpliquer, à transmettre au mieux les savoirs et à reposer la question de nos motivations à la base. Cet effort est très stimulant pour tout le monde.
En faisant un tour de table (tempête de cerveau) de la vingtaine de personnes présentes, pour indiquer notre motivation et nos disponibilités, on s’est rendu compte que ce n’était pas qu’un projet de timbrées et qu’il y avait l’énergie pour le réaliser !
Construction identitaire des stamp
- Le tour de motivation a permis de se rassurer et de comprendre quels groupes et quelles personnes étaient intéressées, dans quelle région et quel cadre collectif. Par cette liste, s’est ainsi dégagé, petit à petit, une sorte d’identité, constituée par nos diverses origines et implications.
ANNEXE: “Stamp/sans-titre c'est qui?”
- transmission et réappropriation de l’histoire de l’AMP et de Sans-Titre
- le fait que notre première réunion « entre nous » à synthétienne soit concentrée sur des discussion de fond, nos bases d’accord idéologique, etc., a permis de nous souder d’emblée. Popaye !
- le fait d’avoir assez vite des projets de texte collectif et de traduction permet aussi cette réappropriation de l’histoire de l’AMP et du projet de conférence, ainsi qu’une meilleure connaissance des gens qui font ça ensemble.
- Mais, il est important de mentionner que ce groupe reste ouvert. Il a été important de consolider l’identité du groupe à un moment donné, pour pouvoir avancer. Cela dit, les personnes cherchent en permanence des connexions avec d’autres collectifs d’Europe de l’Ouest et de l’Est afin de se coordonner avant la conférence, pour voir quels autres individus et groupes auraient envi de s’investir à différents niveaux.
- Info sur l'historique du processus= rappels sur le fonctionnement de l'amp et son histoire...pour en faire une histoire commune. dans chaque réu d'une manière formelle ou non il y a un espace accordé pour transmettre les connaissances sur le réseau AMP, des anecdotes, et autres...
Quelle place donne-t-on au sein de stamp aux questions plus théoriques ? ''réu stamp de synthé, aout 2005''
-ambiance : plutot studieuse, au sortir de l'expulsion des 400 couverts” deux jours avant. Il y a eut à la réunion de Lyon, un besoin explicité par les personnes du groupe de se retrouver indépendamment d’une réunion ST, pendant quatre jours afin de discuter du projet en lui-même sans pour autant y inclure des problèmes logistiques. Le choix a donc été fait de se retrouver à Saint-étienne avec toutes les personnes intéressées et impliquées pour définir plus clairement le projet, prendre du temps pour parler des Hallmarks et en débattre.
définition du rôle de convernor: c'est quoi l'amp pour chacunE d'entre nous? C'est quoi être convenor?
(cf. fiche technique)
et on parle des rollmops
- Nous avons passé une partie de ce week-end à reprendre les principes de base de l'AMP, à (re)définir des termes, afin d'aboutir à des questions pratiques. C'est une réflexion encore en cours et pour un bon moment ! Il est intéressant de poser d'ores et déjà des thématiques et futurs thèmes de discussion (voir la suite de ce contrendu).
- On s'est fait une petite lecture des 5 « hallmarks » de l'AMP (« principes de base » ou « rollmops »), pour revenir ensuite sur chaque terme afin de les définir, de les creuser... on a peut-être bien parlé 5-6 heures en tout et y’avait une dizaine de personnes. En tout, on a réussi à parler des deux premiers mots du 1er paragraphe : « capitalisme » et « impérialisme ». Mais comme on imaginait bien qu’on poursuivrait cette discussion les fois suivantes, on s’est un peu empêché de parler de tout en même temps même si tout a un rapport avec tout. C’est-à-dire, par exemple, que pour définir le terme « capitalisme » mentionné dans le 1er principe, on s’est retenu d’approfondir la question des rapports de domination comme le patriarcat et autres qui apparaissent dans le deuxième.
- Discussion qui permettent déjà d'aborder, envisager des thématiques pour la conférence (société industrielle, racisme, sociétés coloniales...). Nous verrons si nos pratiques sont cohérentes avec nos idées sur ces thématiques ? Nous voulons insister sur les problématiques rurales, peu développées au sein de l'AMP europe; donc probablement proposer que la conférence se déroule au moins en partie en espace rural. Il reste à déterminer comment faire en sorte que les thématiques qui nous sont chère soient concrètement abordées pendant la conférence, grâce à des choix d’organisation formelle, et des propositions de sujet
à proposer comme sujet de la prochaine réu
pourquoi utilise t-on ce terme de “question de fond”?
-envie de prendre du temps à chaque réu pour discuter de questions de fond.
-volonté de lecture collective de texte à chaque réunion, en lien avec des thématiques, sur des questions de stratégie, etc.
Alors qu'on ne veut pas distinguer questions de formes et questions de fonds, qu'on veut considérer que les ? de formes sont des questions de fonds. Tout cela n'est pas très claire!!! Réflexion autour des distinctions théorie/pratique, particulier concret/général abstrait, fond/forme... et des hiérarchies associées à ces classifications...
Est-ce qu'on se comprend quand on parle de “discussions”, “débats” avec ce terme un peu 'four-tout'.
En fait, il semble qu'on envisage, que pour approfondir des réflexions, il faille se déconnecter des enjeux immédiats. Cette position nous donne des indications sur nos propres pratiques, notre rapport aux réalisations concrètes, peuvent être trop souvent conçues dans l'urgence. Ce qui expliquerait ce besoin de sortir du “concret” ?
Remarque: confusion entre les “questions de fond” type hallmarks, et les discussions visant à étayer et organiser les contenus de la conférence.
cf. Compte-rendu de synth “texteoutil” fait par raoule.
cf.lettre d'annonce de convenors.
liste thématique
synthèse nicolou
réu des stamp de boult en octobre 2005: choix stratégiques d'organisation
ambiance: on est plein pendant deux jours et on travaille comme des stamp.
décentralisation
-buts de la décentralisation (casser les hiérarchies, nombre, tâches quotidiennes, favoriser la qualité des recontre par la restriction du nombre, plus d'implication par rapport à des réalités locales, temps d'accueil plus long...)
-chantiers, vie quotidienne...
-questionnements sur la forme de décentralisation, enjeux de participation, de pouvoir, de déplacement...
concrétisation du projet de conférence
-décisions (CR de boult): Accord pour la décentralisation et précisions dans la formule magique 8+1+1+4+1+?, plus se focaliser sur les lieux d'accueil que sur une zone géographique avec cinq lieux.
-complémentarité des configurations (ville/campagne, chantier de construction/d'action, gros lieu d'accueil/petits lieux)
réu internationale en novembre 2005 aux magnans
constitution d'un groupe ouverture/fermeture
reformulation de tout ce qui avait été fait avant: une certaine prise de recul.
à proposer comme sujet de la prochaine réu
enjeu à parler collectivement de la question de la méfiance/infiltration/parano, gestion collective de tout ça. Part de ir/rationnel, de romantisme, de se focaliser sur des ennemis / des déviants, etc. groupe soudé et stigmatisation des différences et exclusions et comportements relou, et nécessité de méfiance, protection etc. Bref, c'est délicatement merdique, tout ça. Si des fois on en parlait un peu formellement ensemble, pour trouver des modes de réactions qui nous paraissent cool (hors contexte, comme en situation quand ça urge), bref, ce serait une manière d'avancer.
AUTRES PREOCCUPATIONS PLUS THEMATIQUES
rendre compte de là où en sont nos réflexions
-pourquoi être convenor?
-qu'est-ce qu'on veut apporter de différent en terme de choix d'organisation/contenu?
-réfléchir et écrire sur notre dynamique quand on essaye de l'observer avec du recul.
-choix de la décentralisation
-choix des chantiers/réalisations concrètes
-attention portée aux discussions de fond/intérêt équivalent et combiné pour les questions de fond/idéologiques, les savoirs-faires pratiques/réalisations concrètes, les choix organisationnels/le vie quotidienne
-contacts/développement de dynamique avec l'est, décalages des réalités géographiques/historique, culture politique/de groupes / identités
-rapport au local, grassrouth, modes de discussion, réflexions à ce sujet sur la dynamique mondiale
-financement/choix d'organisation / logiques de productions/économie/réduction des besoins/récup...
-choix de faire un film ou d'essayer tout du moins, enfin
FICHES PRATIQUES
-texte pour le G8 traduit par raoule et anusso
-signes dans les discussions + idée de odm sur les milliers de manière de s'organiser selon les coins du monde
- des trucs sur comment se fait ce foutu film
- Comment on fait un comte-rendu?
comment obtenir des visas?
-(frises chronologique qui comencerait en 2001?)
lettre de 2001/milan mars 2001
no border de strasbourg juillet 2002
leiden septembre 2002
belgrade juillet 2004
-rôle de “convenor” (voir feuille d'info de l'amp faite par nicolu)
différentes tâches
histoire du support group
ANNEXES
ANNEXE1: hallmarks de l'AMP et charte Sans-Titre
hallmarks de l'AMP
http://pgaconference.org/fr/hallmarks
charte Sans-Titre
Sans Titre est un réseau d’individuEs et de collectifs locaux qui pratique l’échange d’informations et la coordination de projets et actions au niveau local, régional et planétaire. - Nous sommes pour l’autogestion et la réappropriation de nos vies, moyens et espaces d’existence. Nous rejetons entre autre le travail salarié, et, à la propriété privée nous répondons propriété d’usage. Nous nous efforçons de vivre nos idées et nous nous épanouissons dans nos pratiques quotidiennes et nos luttes qui forment un tout : planter et arracher des légumes ; lire ou faire un journal ; apprendre à faire des confitures ; faire l’amour ; rire entre amiEs ; soutenir des luttes et développer des pratiques solidaires au près comme au loin ; rédiger un compte rendu d’une réunion sans titre qui dure des plombes ; refuser l’échange marchand;.... - Nous faisons face à différents systèmes de domination et de discrimination. L’Etat et le capitalisme sont actuellement indissociables et solidaires. Tous deux trouvent notamment leur origine dans le patriarcat et l’identité masculine. Nous les rejetons de manière globale et nous nous efforçons d’en démonter les rouages et d’en identifier les acteureuses. - Au sein de la société occidentale, historiquement et à l’heure actuelle, la science et le progrès sont orientés par le profit. La foi irraisonnée dans l’idée de progrès et dans le scientisme qui guide la société industrielle nous amène à jouer aux apprentiEs sorcierEs avec nos vies, notre organisme et nos moyens d’existence. Elle nous rend toujours plus dépendantEs de l’industrie et de la consommation. La complexité et la multiplicité des besoins créés par la société de consommation et la société industrielle est incompatible avec la mise en place d’alternatives locales et solidaires fondées sur le respect des êtres humains et de l’environnement. Celles-ci impliquent en effet une maîtrise directe de nos outils et ressources. - Le lobbying, la représentativité ou toute forme de cogestion avec l'Etat et/ou les institutions nous apparaîssent comme une impasse. Elles ne font que renforcer ces dernières et neutraliser les volontés réelles de changement. Nous pronons plutôt la désertion active et l'autonomisation, la désobéissance et l'action concrète. Nous visons par ce biais à informer ou à créer des situation de rapport de force économique et politique. Nous pouvons choisir des démarches stratégiques de pression ou d'opposition dirècte vis-à-vis des pouvoirs en place. - Nous fonctionnons sans hiérarchie. Notre mode de décision est collectif par la recherche du consensus. Les décisions n’engagent que celleux qui les prennent. Les groupes locaux et les individuEs sont autonomes. Sans Titre ne représente personne et personne ne peut représenter Sans Titre. - Sans Titre est en lutte. Sans Titre réfléchit. Sans Titre propose. Sans Titre ne se prend pas au sérieux. Sans Titre est autonome. Sans Titre créé ses propres médias. Sans Titre n’existe pas, et jusqu’ici tout va bien. Oï.
ANNEXE2: lettre ouverte à l'AMP, réunion Sans-Titre à Rennes, avril 2002
La lettre qui suit vise avant tout à affirmer notre volonté de rester partie prenant au processus AMP et plus particulièrement notre participation à la préparation de la prochaine rencontre à Leiden. Le texte qui suit pose les problématiques sur lesquelles nous voudrions revenir.
Lettre ouverte à l'AMP de « Sans-Titre », réseau informel et affinitaire de groupes et d'individuEs né suite à la Caravane inter-continentale de mai-juin 99 Alors que les convenorEs de la région europe passent la main et que les premières déclarations des nouveaux et des nouvelles convenorEs nous semblent plutôt encourageantes, le moment semble opportun de se questionner sur d'éventuels dysfonctionnements structurels de l'AMP. Nous voulons le faire sous forme de lettre ouverte. Le contexte général se durcissant pour les années à venir, et le peu de personnes étant impliquées politiquement, nous pensons qu'il est vital de pouvoir avancer sur des définitions d'identité, d'organisation et de stratégies avec des gens dont nous nous sentons relativement proches politiquement. Le réseau « Sans-Titre » est régulièrement impliqué dans des actions issues de la dynamique AMP. Par contre, nous n'avons pas le sentiment d'être asociéEs à la réflexion de fond des actions en question. Lors de nos implications, nous n'avons pas su identifier la structure de prise de décision. L'évaluation des projets entrepris n'a jamais pu être collectivement entamée. Par le biais de la liste caravan99, nous avons tenté de poser un débat lors de la réunion de Milan (réflexion stratégique sur la validité des contre-sommets). Cette discussion n'étant jamais apparue à l'ordre du jour, le débat n'a pas eu lieu : comment et par qui cette décision a-t-elle été prise ? Si des structures de décision et d'évaluation existent, où se trouvent-elles ? Comment pouvons-nous y participer ? Ce que l'on sait de l'AMP - L'AMP se défini exclusivement comme un outil de coordination d'actions et d'échanges d'informations. Ne serait-il pas judicieux de se doter d'un espace de réflexion, d'analyse et de remise en question, autant du point de vue de la stratégie que du fond ? Nous devons aussi nous méfier des outils que nous utilisons. Il est effectivement possible de coordonner des actions, manifestations par internet. Par contre, il nous paraît impossible un débat et une réflexion collectivement aboutie par courrier électronique. La Consulta telle qu'elle s'organise actuellement, ne constitue pas une réponse suffisante à ce problème. Cette consulta nous semble révélatrice d'une certaine mythification de l'exemple zapatiste et d'une volonté discutable de l'appliquer dans des contextes différents. De plus, l'ambiguïté initiale entre les objectifs de la consulta « interne » et celle publique, sociale, reste entière. Une consulta sociale en Europe n'a pas du tout la même signification qu'une au Chiapas. Chaque pays a ses particularités historiques, culturelles et sociales, ainsi qu'un mouvement d'opposition propre, variant dans sa structuration, ses forces et ses faiblesses. Est-il donc possible d'avoir un instrument unique telle que la consulta pour couvrir des réalités différentes ? Il nous semble qu'un échange réel à une telle échelle nécessite une diversité d'outils et de temps de rencontre dégagé d'impératifs d'échéances. Sans compter qu'il manque une définition plus précise des objectifs et de la mise en place de cette consulta interne (ce qui semble la première étape déjà en cours). Vu la teneur des mails reçus sur le sujet, comme lors de la tournée européenne des PCN, il nous semble que l'urgence organisationnelle prime sur le débat. La consulta a été discutée et critiquée lors de la conférence de Cochabamba, en Bolivie. Les résumés de ces discussions ne nous semblent pas assez développés au vu de la réflexion collective européenne nécessaire pour un tel projet. On retrouve les travers de notre structure implicite de décision. Qui ? Quand ? Comment ? - Le principe n°5 de l'AMP dit : « Une philosophie organisationnelle fondée sur la décentralisation et l'autonomie ». Cependant, en l'absence de structures clairement définies (nous ne parlons pas de bureaucratisation ni d'institutionnalisation), les phénomènes de hiérarchisations reviennent de manière plus perverse car implicite, non exprimée et, donc, plus difficiles à combattre (voir « De la tyrannie de l'absence de structures », de Jo freeman, très bon texte qui nous a nous-même éclairéEs sur les problèmes de nos fonctionnements.) L'exemple le plus frappant de telles dérives est le « support group ». Lors de la réunion des convenorEs et des ex-convenorEs à Barcelone en novembre, le fonctionnement du support group a enfin été clairement explicité, ainsi que les critères pour y rentrer : « adaptabilité culturelle, maîtriser 3 langues, avoir les moyens de se financer. Quand et comment a été défini le support group ? Comment ont été décidés les critères pour y participer ? Quelle est la validité de ces critères ? Qui dirige le bureau d'embauche ? De plus, comment expliquer qu'il n'y ai eu que des européEnnes dans un SG qui a une implication mondiale ? Même si le support group s'avérait nécessaire, ce qui demande une réelle discussion, le minimum serait d'en connaître la composition exacte (liste des membres, rotation des membres) ainsi que des modalités de cooptation pour y entrer, voire son mandat précis qu'on pourrait même imaginer révocable. A quoi travaille-t-il actuellement ? A la consulta ? A la prochaine conférence ? Au bulletin de l'AMP ? Ce n'est pas la première fois que ce genre de critiques sont exprimées, elles n'ont jamais été prises en compte. - Comment peut-on faire appel à la confiance comme principe de fonctionnement comme cela s'est produit à la réunion de terrain, quand on constate le manque de connaissance effective entre les gens (sans parler de leurs pratiques), l'infiltration de la réunion par des mouvements clairement opposés aux principes de l'AMP (en particulier le n°2), et donc l'absence de débats sur les questions clairement posées sur le seul outil officiel de l'AMP-Europe, c'est-à-dire la liste caravan99. N'y a-t-il pas une ambiguïté entre la pratique inspirée par la recherche implicite de mouvement de masse (ce qui est autre chose qu'une masse en mouvement) et le discours « fondé sur la décentralisation et l'autonomie », deux concepts pour nous totalement opposés ? - Déclarer : « Une attitude de confrontation, puisque nous ne pensons pas que le lobbying puisse avoir un impact majeur sur les organisations à tel point partiales et antidémocratiques pour lesquelles le capital transnational est le seul facteur réel déterminant leur politique » (principe n°3), tout en participant à ce lobbying, comme lors de la tournée européenne du PCN (visite du Parlement Européen, à la coopération suisse...), nous paraît une position pour le moins politicienne. Nous ressentons le besoin d'une analyse plus précise de la réelle perversité du lobbying – et du renforcement des structures de pouvoir et de la domination qu'il induit – pour que nous puissions dépasser les pratiques ONGistes. - Actuellement, des personnes impliquées dans « Sans-Titre » sont engagées dans une réflexion touchant à la coopération entre le « Nord » et le « Sud » (Nous sommes conscientEs du flou que représentent ces termes). Tous les mouvements du « Sud » avec lesquels nous avons été en contact ont exprimé la même préoccupation. Il nous faut atteindre les centres de pouvoir qui sont chez nous. Notre efficacité sera mieux employée à abolir le système ici. Ceci signifie notamment s'atteler à construire un mouvement plus fort. - Les manifestations de Göteborg et de Gênes s'étant chargées de mettre les points sur les i, il est tant de nous confronter aux analyses qui ont été produites sur les contre-sommets. Nous voulions en discuter lors de la réunion de Milan. Nous proposons un récapitulatif de ces pistes de réflexions en guise de conclusion : .le fait de se plier au calendrier des institutions capitalistes; .le fait que l'on n'ai plus pour nous l'effet de surprise des débuts et que l'on répète maintenant à chaque fois le même scénario attendu par la police, les autorités et les médias; .le manque d'originalité et de créativité présentes et possibles dans les actions réalisées lors de ces contre-sommets surfliqués; .l'instrumentalisation des contre-sommets pour les visées répressives des pouvoirs en place (cette analyse est à affiner depuis le 11 septembre dernier); .le fait d'être pris dans un jeu inégal de combat de rue où les États ont de loin les meilleures armes et répriment de plus en plus fortement et de manière très visible : un engrenage dangereux et beaucoup trop coûteux en personnes, moyens matériels et temps; .ce type d'action se développe au détriment du temps pris à se poser des questions sur le sens de nos actions et surtout à développer des campagnes d'action directe ou des alternatives locales; .ce mode d'action concerne souvent surtout une certaine classe de militantEs qui pourra se permettre de voyager un peu partout en Europe pour faire du tourisme anticapitaliste. Il est difficile d'impliquer localement des gens avec qui on aimerait créer des liens et mener des luttes localement. Le processus d'écriture de cette lettre, plus que nous ne l'avions prévu, a suscité beaucoup de discussions internes à « Sans-Titre ». Nous avons ouvert des pistes de réflexion qu'il nous faut approfondir. Nous devons revenir sur des points touchant à notre identité, à notre organisation et aux choix que nous voulons développer. SantitriennEs depuis la rencontre de rennes, le 08 avril 02