THEATRE-FORUM
Le théatre-forum : des gens qui veulent problématiser une oppression de leur vie quotidienne pour mieux lutter contre la mettent en scène, et la jouent devant d'autres concernée par la même oppression. La ou les scènes sont jouées une fois en entier, puis une deuxième fois où les spect'acteurs pourront arrêter ce qui se déroule dés qu'ils ont l'idée de proposer autre chose. Ils iront alors remplacer un acteur, ou en créer un autre, et la scène reprendra avec ses propositions, pour voir ce que ça donne. Le jocker est la personne qui fait le lien entre la scène et les spect'acteurs.
Trois ou quatre personnes ont des connaissances très limitées du théatre-forum, une personne l'a pratiqué pendant deux ans dans une troupe mais ne désire pas guider le groupe ( bien qu'elle fera à quelques reprises fait des remarques bienvenues). Nous naviguerons donc à vue.
Une première rencontre nous amène à nous dire qu'on ne veut pas mettre en scène une oppression des enfants, mais une oppression que l'on ressent en tant qu'adultes dans des situations dans lesquelles il y a un enfant. On ne sait pas très bien finalement si on peut se définir comme opprimés alors, mais on décide d'abandonner le sens exact des mots pour se concentrer sur des situations (mal)vécues. Des personnes racontent des experiences de ce genre : dans les magasins, le fait de devoir dire non aux multiples désirs des enfants qui sont très sollicités par les marchandises; dans la rue, les parcs, ne pas savoir intervenir quand un adulte se comporte mal avec un enfant; le harcélement des controles sociaux dans un situation de non-scolarisation...Nous en restons là pour cette fois.
Lors de la deuxièle rencontre, nous choisissons une des histoires pour travailler dessus : celle de la non-sco: c'est la vraie histoire d'une petite fille de 6ans et demi qui a été contrôlé abusivement, suite à quoi on oblige sa mère à l'obligation de scolarisation, alors que l'enfant ne veut pas aller à l'école et que leur vie est organisée avec cette perspective de non-scolarisation.A quelques jours de la rentrée, la situation n'est toujours pas éclaircie, la mère songe à attaquer l'éducation nationale, mais c'est pas facile, et puis elle se sent seule dans cette histoire, et puis y'a mamie qui en rajoute une couche en la dénoncant aux sevices sociaux...Il y a une volonté de se sortir de cette merde, et un manque d'idées, de moyens, d'allié-es.
On décide d'essayer de suite, en se distribuant les rôles : une mère, sa fille non-scolarisée, une fausse alliée qui va soutenir le choix de la mère mais d'un point de vue complétement different, une serveuse puisque la scène se passe dans un bar, un pillier de comptoir, une personne qui va défendre l'école et un syndicaliste radical de l'éducation nationale. Les autres personnes n'ont pas de rôles distribués mais on décide qu'illes sont dans le bar, donc à la fois spectateurs et potentiellement acteurs si et quand illes le veulent. On veut prendre garde de rester fidèle à la problèmatique tout en se distanciant un peu de l'histoire vraie pour en faire une histoire collective. Avant le début de la scène, chaque personnage est invité à raconter un peu son histoire, ses liens avec les personnes présentes, définir un peu son caractère... La scène marche bien, dans un totale impro. Deux personnes qui n'avaient pas de rôle au début interviendront. La mère non-scolarisante est jouée par un prof, la pro-école par une mère non-sco, le syndicaliste radical par un radical contre l'éducation, la serveuse par la vraie mère en difficulté...ce qui donne du piquant à nos interventions, un décalage plutôt savoureux. La petite fille est jouée par la vraie petite fille non scolarisée. Comme c'est une impro totale, la scène se traine évidemment, et les propos ne sont pas très nuancés: c'est une vraie publicité pour la non-scolarisation...alors que les personnes présentes ne sont pas forcément toutes dans cette optique. La scène se termine quand l'inspiration s'épuise.
Une troisième rencontre est programmée pour deux jours plus tard, mais n'a pas lieu, et ce sera fini pour le théatre-forum. Notre idée était de faire trois scènes : une première d'exposition dans le bar, puis une scène avec l'inspection de la petite fille, puis je ne sais plus trop.
Finalement, avec cette première scène nous avons inventé une forme interressante, le bar-forum, avec un mode d'intervention innedit par rapport à l'intervention classique dans le théatre-forum qui passe par la médiation d'un jocker. C'est un peu déjà ce qui se passe dans les vrais bars, on n'a pas inventé la poudre non plus...Je ne connais pas bien les autres formes du Théatre de l'Opprimé auquel appartient le théatre-forum, mais possible que ce qu'on a fait se rapproche du théatre invisible, où il s'agit d'amener un probléme au coeur d'un lieu fréquenté par des gens et voir ce que ça donne (par exemple, dans le métro quatre acteureuses invisibles : un gars met la main aux fesses d'une fille qui réagit, un autre gars rit grassement et au autre prend la défense de la fille ). Sauf que nous, nous savions tous-tes que c'était du théatre.
Pendant tout ce processus, la place des enfants a été questionnée : demander aux enfants de nous raconter des choses de leur vie quotidienne qu'illes vivent mal pour les mettre en scène, oui mais ce n'est pas très orthodoxe de demander en tant qu'oppresseurs à des opprimés de s'allier pour les sauver, oui mais n'est-on pas en train de s'enfermer dans une grille d'analyse qui nous empêche d'être simples...Demande t'on aux enfants de participer quoi qu'il en soit ? oui mais si ça les interresse ils viendront d'eux-mêmes, oui mais encore faut-il qu'illes soient au courant et qu'ils osent , oui mais n'est-on pas en train de s'enfermer dans une grille d'analyse qui nous enpêche d'être simples....Les enfants présents ne doivent pas forcément jouer des rôles d'enfants puisqu'on est au théatre, oui mais c'est à eux de décider, oui mais c'est à nous d'expliquer, oui mais n'est-on pas en train de....... Finalement, les enfants n'étaient pas présents (n'ont pas été conviés) au premier atelier, et l'ont été au deuxième, où ils étaient deux.
La vraie mère en vraies difficultés actuelles face à des vrais oppresseurs trouvera des vrais alliés dans la semaine, hors du contexte du théatre-forum, qui a peut-être permis une amorce d'échanges futurs.
Nadine
En complément: FICHE TECHNIQUE: Le théâtre-forum: “une répétition de la révolution”
http://www.under.ch/sanstitre/SansTitre/Bulletins/Bulletin11/TheatreForum.htm