CR exclusion, rapport de pouvoir, autogestion

Nous nous sommes séparéEs en 3 petits groupes pour aborder ces sujets. Le but n'était pas d'avoir une discussion abstraite, mais de revenir sur ce qui s'était passé pendant la conférence et de donner des éléments concrets pour la suite...

NOTES D'UN 1ER GROUPE

Il faut assumer qu’il y a des positions et des compétences spécifiques, et que l’autogestion et l’horizontalité interressante ça n’est pas faire comme si ces spécificités n’existaient pas. Que ce soit pas compétence ou par convention arbitraire, parfois les “chefs” c’est bien, si c’est pour un temps ou une activité donnée; il faut que ça soit visibilisé. Peut-être faut-il requestionner tâche par tâche, moment par moment, est-ce que c’est pertinent d’ouvrir ou de fermer l’organisation. Et peut-être TOUTE l’info de doit-elle pas être donnée à TOUT le monde- tout en étant disponible pour tous- car ça alourdit trop.

Parfois il y a des situations où tout le monde a raison, et il y a conflit, et voilà, et rien ! (cf. Dijon, où des gens avaient eu raison de préparer avec attention les quatre jours, où d’autres ont eu raison de faire valoir le décalage qu’ils ressentaient entre leurs aspirations et cette préparation et de proposer autre chose )

Parfois la “machine autogestionnaire” est trop énorme, et l’energie à la faire tourner est démesurée par rapport au fait que ça pourrait marcher plus simplement.

Souvent les choses ne marchent pas par magie, mais grâce à un-e ou des coordinateureuse-s…

Quand il n’y a pas une formalisation bien définie, l’accés au “groupe organisationnel” peut donner la sale impression d’une ascension sociale à la force du poignée…et quand on y est, d’avoir été plus malin-e que les autres, aaarrrgghhh… Lorsque les choses sont bien visualisées, ça permet d’ entrer et sortir des rôles de façon consciente et assumée collectivement.

Mais le formalisme ne résout pas tout, il faut d’autres outils . Il serait interressant de creuser la question de “ce que ça nous fait” le pouvoir. C’est BIEN d’être “chef”, c’est valorisant, agréable, il faut le dire ! Le rapport à l’espace n’est pas le même, on se sent maître de ses déplacements, de ses positions, en confiance, on n’est pas paumé-e. Ca serait bien que tout le monde soit “chef”, que tout le monde s’y risque. Le théatre-forum et la danse-forum pourraient être des outils pour creuser ces problèmatiques de positionnement.

Le terme “chef” sous-entend des trucs horribles et ne correspond pas vraiment à comment on vit les positions d’organisateurice.

A la réu centralisée de Dijon, il y a eu des actions et paroles qui ont été perçus comme pouvant être des tentatives de prises de pouvoir au sein du reseau AMP. Cela dit, défendre ses positions avec vigueur, ça n’est pas forcément vouloir le pouvoir. Tatatan !

NOTES DU 2EME GROUPE

Compte rendu subjectif d'un échange en petit groupe (5 pers: 3 qui étaient à Frayss, 1 à Dijon, 1 à Bellevue) sur les questions d'autogestion (théorie-vaisselle), d'horizontalité (et répartition des “pouvoirs” organisationnels) et des diverses formes d'exclusions...

On dénote sur plusieurs lieux une forme d'”oligarchie” (mais c'est pas le bon terme parce qu'il n'y a eut aucun abus de pouvoir,simplement des gens et un peu toujours les mêmes qui prennent en charge plus de tâches liées à l'organisation et au fonctionnement de la rencontre et du coup ont plus de “maîtrise” de la situation. Ce qui semble induire parfois un peu plus de passivité et un peu moins d'implication de la part de celles et ceux qui n'ont pas participé au préalable à la préparation des rencontres A.M.P. Bref il y avait différents niveaux d'implications. Et ça c'est pas forcément mal (?).

Peut-être que le rôle de convenors peut induire une position délicate de “prestataire de service”. En même temps si elle est assumée, suffisamment transparente et ouverte, c'est acceptable.

Par exemple à Bellevue ça a mieux marché du fait d'une bonne cohésion du groupe qui a préparé en amont et il y a eut une meilleure participation collective après quelques coups de gueules au début .

Certains ont mieux vécus leur rôle d'organisateur du fait qu'ils avaient par ailleurs du temps pour participer aux réus. Alors que quand le groupe logistique est proportionnellement trop petit par rapport à l'ensemble des participants, ça devient difficile de participer à la qualité des contenus.

Il y a eu à Frayss un effet de flou entre la tendance “tout le monde participe à tout donc on laisse le champs libre” et la tendance “le fait de bien cadré les choses permet de mieux nourrir les contenus” Un groupe d'organisation n'est pas forcément un groupe autoritaire et on est pas obligé d'être 100 aux réus de coordination. C'est surtout la spécialisation et l'enfermement dans un rôle qui sont dangereux!

On est pas obligé de remettre tout le temps les règles en question.

Surtout que dés que ça va pas chacun-es le fait savoir. Les débats sur les débats peuvent s'avérer nécessaires au début pour dire: “on se propose ces quelques règles mais l'expérimentation et leur questionnement reste possible” mais ce serait dommage que la conférence devienne une conférence sur la conférence.

On a témoigné d'un certain dissensus (générant parfois des tensions proche du conflit) entre un certain besoin d'organisation collective et une certaine forme de laisser-aller plutôt individualiste qui s'est illustré notamment dans les rapports entre adulte et enfants où un groupe assez “influent” de parents, plutôt contre toute forme de “gestion” du temps des enfants, aurait limités les possibilités de questionnement collectif comme la constitution d'un groupe d'enfants qui défendrait ses propre intérêts.

On a noté des résonances avec les “conflits” entre “spontanéisme” et “formalisme” et l'incompatibilité d'un certain militantisme idéologique avec certaines pratiques collectives.

Puis nous avons évoqué les décalages de certaines personnes un peu en position “d'extra-terrestres” par rapport à la démarche de l'A.M.P ; les “clashs” liés au trop grosses différences de pratiques ; la nécessité de certain groupe d'être fermé donc d'exclure ; et une tentative d'exclusion d'une personne qui a échouée.

NOTES DU 3EME GROUPE

Eléments qui ont provoqué des phénomènes d'exclusion/prises de pouvoir

Journées avec 8-10 heures de réu, réus non-stop pendant 6 jours ou 3 semaines, horraires décalées, personnes qui arrivent massivement en retard de 1 ou 2 jours, ce qui fait qu'on doit tout régler à l'arrache dans les 3 dernières heures...

Dans tous ces cas, avec le cumul du manque de temps, du manque de gens et de l'exigence d'intensité, on ne se donne plus le temps de prendre du recul sur ce que nous sommes en train de faire, ni de poursuivre les discussions de fonds prévues et les personnes qui ont le plus d'endurance arrivent à s'accrocher, alors que les autres sont largées.

Il se trouve qu'il ne s'agit pas uniquement une histoire de "capacités inégales" et de manque de rigueur, mais aussi pour certainEs de manque d'envie de s'astreindre à certaines contraintes pénibles.

Savoirs techniques (usage de l'outil informatique, capacité d'écriture, de parole, capacité de synthèse...), savoirs contextuels (histoire de l'amp, de sans-titre, des relations entre les personnes impliquées)... ah bah oui, comme d'hab.

Pris-es dans le speed, nous nous sommes donc retrouvéEs avec des impératifs d'efficacité à cause desquels nous n'avons pas pris le temps de questionner les outils que nous utilisions (notamment l'outil informatique mais aussi les types de textes que nous avons choisis de rédiger, le travail de mise en page, leur diffusion ou encore les modes de validation des ces texte). Nous nous sommes simplement préoccupé de les mettre en place et nous sommes souvent perduEs dans des entreprises démesuréement ambitieuses ou dcalées de nos aspirations. Nous avons finelement eu un rapport technique (technicien) à des objets techniques.

Certes, nous avons à de nombreuses reprises formulé l'enjeux à questionner ces outils, mais ce n'est jamais allé au-delà de l'intention, sans doute par manque de temps, mais aussi du fait que des personnes se sont engueulées à ce sujet, mais sans qu'il soit possible de démêler ce qui était del'ordre du conflit entre ces personnes et les questions que ça posait. En bref, ça a fait que pas mal de monde s'est mis en retrait, laissant quelques autres s'affronter sans trop comprendre, sans politiser/collectiviser les enjeux de ce conflits.

Le groupe stamp était composé de personnes aux investissements, aux affinités, aux positionnements politiques, aux priorités différentes, ce qui a pu créér des incompréhensions, des tensions et des exclusions plus ou moins tranchées.

Sur certains lieux, il n'a pas été possible de questionner et de modifier le projet de conférence en fonction des personnes qui s'impliquaient localement dans l'organisation de la conférence.

Les personnes qui ont des positions d'autorité cumulent souvent un pouvoir social en termes public et affectif (personnes savantes, appréciées, courtisées, qui ont le plus de relations privilégiées et pas tout ça le plus d'info, de maîtrise sur la situation, etc.). C'est une sorte de spirale qui fait que celleux qui connaissent le plus de gens, qui détiennent le plus de capacités et le plus d'infos en cumulent de plus en plus, tendis que celles qui sont plus isolées peuvent le rester longtemps.

Les enjeux qui lient et opposent des personnes qui se connaissent depuis plus longtemps et/ou qui partagent plus d'affinités et de querelles étaient assez opaque pour des nouvelLes arrivantEs. Cette méconnaissance a en partie contribué à laisser certaines de ces personnes plus en marge, sans possibilité de comprendre les rapports de pouvoirs entre les personnes qui en avaient justement plus dans le groupe, de faire la part entre les divergences idéologiques et les conflits de personnes, de faire de ces tensions, conflits et complicité des enjeix collectifs.

Il se trouve pour finir que ce sont surtout les personnes qui ont du pouvoir qui se confrontent dans des conflits de pouvoir.

Trucs positifs qui se sont mis en place

Il y a eu pas mal de passage de savoir effectué, avec, d'une part des moments de récit/explication de l'histoire de sans-titre, de l'amp, etc. (surtout dans les 1er mois), mais aussi le fait que toutes les tâches d'organisation devaient être faites dans chaque lieu, au lieu qu'elles se répartissent de façon plus spécialisée.

Beaucoup d'entre nous n'avaient pas l'impression d'être un groupe fort dans les premiers mois, tout le monde ne se connaissait pas et nous étions traverséEs de doutes fréquents. Ces quelques mois d'aventure ensemble nous a vraiment rassemblé et ce sentiment d'être un groupe d'amiEs et capables de chouettes choses ensembles est beaucoup plus partagé aujourd'hui.

Si l'on scrute les choses du point de vue de la répartition genrée dans le groupe Stamp, il y a eu une présence importante de femmes qui ont été très porteuses de la dynamique. Alors que sur les premières réunions, il y avait pas mal de garçons (et une ambiance associées pas super évidente pour certainEs), la tendance s'est améliorée de ce point de vue (même si on peut questionner par ailleurs la dimension justement genrée de la prise en charge des tâches organisationnelles et de secrétariat).

Il y a eu des expérience d'appropiation assez chouette de la conférence par des personnes qui arrivaient sans connaître personnes de stamp, ni l'existence de l'AMP auparavant, et qui ont créé des espace de rencontre autour des enjeux qui leur importait, comme à frayssinous avec le groupe de parole sur la naissance.

Contrairement à ce qui a été soulevé plus haut, certainEs d'entre nous ont eu le sentiment que l'organisation de la conférence s'était transformée au contact des nouvelles personnes qui se sont associéEs à sa prise en charge, les semaines précédentes et pendant la partie décentralisée.

Points de réflexions sur cette notion de pouvoir

Le fait d'organiser quelque chose, de penser le projet, met dans une position de pouvoir. Qu'est-ce que ça nous apporte? Pourquoi est-ce qu'on y tient ou pas? Si on ne veut pas abandonner le fait d'organiser des choses, il faut réfléchir à comment en organise, à ce qu'on fait de ce pouvoir, aux limites qu'on pose à ce processus. Il s'agit sans doute de pointer ces problèmes doit nous conduire à trouver des dispositifs, des outils qui orientent ce que nous faisons en lien avec cette problématique du pouvoir. Mais cela signifie aussi d'être honnête avec soi-même et ensemble, sur ce qui relève de ces positions de pouvoir et de la façon dont on les vit.

Il serait important de distinguer:

  1. le fait d'être en position d'autorité dans un processus (sur-présence, monopole de certaines tâches, accumulation de prestige, attention, etc., contrôle des orientations du processus, maintient d'autres personnes dans des positions d'exécution, dans des complexe d'infériorité et des rôle passifs, etc.) ou de se battre pour acquérir cette position d'autorité, c'est-à-dire pour « prendre le pouvoir »;
  2. et le fait de se confronter à d'autres du fait de désaccords, pour en faire un débat collectif et chercher à transformer les positions du groupe dans un processus commun (qui peut néanmoins conflictuel). Dans ce cas, on peut peut-être parler de « conflit de pouvoir ».
  3. Politisons les rapports de pouvoir!

En reprenant la distinction ci-dessus, on aurait pu avoir des désaccords sans autant qu'il se transforment en conflits de pouvoir, si on avait un peu plus collectivisé (et donc politisé) ce qui nous est apparu comme des conflits. En effet, il a souvent été question de « choisir son camp », et de se retrouver au milieu de « guerres de clans » ou de « conflits de personnes/de grosses tronches ». (et encore, les conflits de pouvoir entre nous sont suffisament tabou pour que ces phénomènes soient subi sans jamais être vraimentr exprimés). Ces situations un peu pouraves poussent pas mal de gens à ne pas prendre position, à se mettre à distance, à considérer que ce sont simplement des conflits de personnes, de cheffEs, etc., en tout cas pénibles, obscures, fatiguants...

Or il nous semble que les conflits sont avant tout et toujours politiques. Quand bien même ils enchevêtrent des enjeux idéologiques et affectifs, quand bien même ils s'appuient sur les positions de pouvoir préexistantes (charisme, capacité, élitisme affectif...), toutes ces dimensions sont politiques et gagnent à être collectivisées pour qu'ils en sorte un processus constructif et commun.

Nous avons parlé de l'exclusion de plusieurs personnes, appartenant au groupe Stamp ou participantes à la conférence, et des mécanismes qui conduisent à ces exclusions. Il est apparu que l'on parle beaucoup plus de certainEs que d'autres et qu'il est vraiment important de porter attention à la position des personnes « victimes » de ces exclusions, selon qu'elles sont visibilisées ou au contraires invisibilisées. Sans écarter la souffrance généré par les processus d'exclusion et la dissymétrie des positions de pouvoir et de responsabilité, la notion de victime est par ailleurs problématique.

[note de la transcripteureuse: nous n'avons pas évoqué/questionné la pratique d'exclusion en tant qu'elle peut être légitime dans certains contexte... ce serait peut-être bien de revenir là-dessus.]

Trucs que j'ai retenu de la mise en commun (qui me sont revenu en retranscrivant un bout de ce truc)

Dans un des petits groupes, les personnes ont beaucoup discuté des positions de « cheffE ». Nous sommes revenus dessus pour distinguer les positions de pouvoir qui se sont jouées pendant le processus Stamp, de ce que l'on appelle des positions de chefferies. Il faudrait faire un travail de définition plus fin de ces notions de prise de pouvoir, conflit de pouvoir, position d'autorité, position de chefferie, dominé/dominant, etc. pour cerner ce qui se passe dans ces histoires.

Pour autant, il ne s'agirait pas de banaliser ce qui s'est passé ou de faire un tour de passe-passe pour conclure que, finalement, du point de vue des rapports de pouvoirs, tout était bien et légitime, que la spécialisation de certaines tâches était strictement positive, qu'il intéressant et légitime de se sentir légitime et de s'en tenir aux règles formelles qu'on a établi, que les personnes qui arrivent doivent se conformer au cadre imposé, bref qu'on peut se féliciter de tout et arrêter de se poser des questions. On peut revendiquer le fait de prendre du pouvoir sur soi-même, c'est-à-dire de gagner en autonomie; ça n'a rien à voir avec le fait d'exercer du pouvoir sur d'autres.

Il serait également important de revenir sur les structures que nous mettons en place, de les scruter en tant « qu'institutions », c'est-à-dire en tant que entités qui s'autonomisent, que l'on cherche à faire exister pour elles-mêmes et non pour ce qu'elles produisent, parce qu'on a mis tant d'énergie dedans pour les créer qu'on ne peut plus questionner la légitimité de leur existence, mais seulement les moyens de leur prolongement.

Ce questionnement s'étend aux outils qui nous mettons en place et notamment aux outils informatique ainsi qu'aux formes rédactionnelles et formalistes que nous mettons en place. On essayerait de se prendre la tête sur ce qui pourrait s'appeler un « rapport technicien » à nos outils et institutions...

STAMP: CR_exclusion,_rapport_de_pouvoir,_autogestion (dernière édition le 2008-12-19 18:59:50 par anonyme)